Le Havre Images sur commande, Annette Haudiquet, 2006
La quête de la lumière juste a sans doute été pour Véronique Ellena un élément majeur de son travail au Havre. Celle-ci a d’abord passé des heures à arpenter la ville, pour la “sentir”, deviner, enfouis, les souvenirs lointains d’un avant – avant la guerre, la perte – la regarder sous les lumières changeantes du jour et de la nuit. Le Havre lui apparaît comme un décor de théâtre, ménageant des effets de perspective, d’échappées. Comme sur scène, la lumière joue un rôle décisif et elle trouve celle de janvier trop dure. Pleine d’une tendre précaution pour son “sujet, elle cherche au contraire une douceur qu’elle découvre au petit matin et à la tombée de la nuit. La ville ajuste alors son éclairage, celui de l’espace public, des rues et des places, mais aussi celui, modulé et varié, des intérieurs privés. La ville se teinte alors de rose, de bleu et de doré. L’intimité silencieuse des appartements se projette avec pudeur sur les façades des immeubles : la ville vit, vibre doucement. Un homme travaille à son bureau, dans un entresol ; on l’aperçoit derrière une grande fenêtre et la scène prend la dimension poétique d’un tableau de Hopper. Plus loin, Véronique sur- prend un couple d’amoureux s’embrassant sous la haute silhouette bleutée de la tour de l’Hôtel de Ville… Un clin d’œil à un autre Baiser de l’Hôtel de Ville, mais aussi l symbole d’une paix et d’une harmonie retrouvée entre une ville et ses habitants.
Annette Haudiquet, in « Le Havre Images sur commande »
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